Nouvelle collection : Unité chrétienne

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"Les murs de la séparation ne montent pas jusqu’au ciel" - Métropolite Platon de Kiev

En offrant aux lecteurs francophones des ouvrages de qualité dans le domaine de la spiritualité, de la recherche et des dialogues œcuméniques, mais aussi en faisant connaître des expériences et des initiatives novatrices en la matière, la collection Unité chrétienne souhaite contribuer à la promotion d’un œcuménisme spirituel résolument contemporain.

Le premier volume, L’Écriture, pierre angulaire et pierre d’achoppement, vient de paraître. Il rassemble, sous la direction de Pierre Blanzat, Jean-François Chiron et Anne-Noëlle Clément, les actes du colloque œcuménique des 16 & 17 novembre 2021 organisé par l'association Unité chrétienne et la Faculté de théologie de l’Université catholique de Lyon.

Le deuxième volume, sera intitulé 70 chemins d'unité pour aujourd'hui, sous la direction de P. Blanzat et P. Lathuillière.

Préface à la nouvelle collection, Pierre Blanzat

Pasteur de l’Église protestante unie de France, Pierre Blanzat est vice-président de l’association Unité chrétienne et dirige la collection du même nom aux éditions Olivétan.

Le volume que vous tenez entre les mains porte le numéro « un » de la collection « Unité chrétienne » : c’est tout à la fois une joie et un privilège que de rédiger quelques lignes en guise de faire-part pour accompagner cette naissance.

 L’association qui donne son nom à cette toute nouvelle collection n’est pourtant pas née d’hier : depuis plus d’un demi-siècle, elle porte dans ses gènes les prémisses même du mouvement œcuménique contemporain. Créée à Lyon, à l’initiative du cardinal Gerlier et des évêques de France en suivant l’intuition du premier secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises, le pasteur Willem Adolph Visser’t Hooft, Unité chrétienne ouvre aujourd’hui un nouveau chapitre de son histoire pour continuer à promouvoir l’œcuménisme spirituel et prolonger ainsi le sillage ouvert par le père Paul Couturier, l’initiateur de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. 

En offrant aux lecteurs francophones des ouvrages de qualité dans le domaine de la spiritualité, de la recherche et des dialogues œcuméniques, mais aussi en faisant connaître des expériences et des initiatives novatrices en la matière, la collection « Unité chrétienne » contribuera, nous l’espérons, à la promotion d’un œcuménisme spirituel résolument contemporain. 

La quête de « l’unité que Dieu voudra, par les moyens qu’il voudra », ne peut se contenter d’une attente vague et passive. Si elle relève d’une espérance eschatologique, elle appelle dès aujourd’hui un engagement d’autant plus exigeant que cette quête semble reléguée au second rang des préoccupations et des « urgences » de notre temps. Pourtant, au cœur des tâtonnements identitaires que connaît notre société, tiraillée entre sécularisation pas tout à fait consommée et pluralité culturelle pas tout à fait assumée, l’identité chrétienne ne saurait se résoudre ni se dissoudre dans des identités confessionnelles étroites ou repliées sur elles-mêmes. 

En ouvrant la collection avec cet ouvrage consacré aux relations que nos diverses familles d’Églises entretiennent avec le texte des Écritures, Unité chrétienne rend accessible les travaux du colloque qu’elle a organisé en partenariat avec la faculté de théologie de l’Université catholique de Lyon, à l’automne 2021. Plus encore, elle voudrait témoigner de la place de choix qui est celle de la Bible non seulement comme objet commun d’étude mais aussi comme ferment irremplaçable de l’expérience œcuménique. 

Lorsque le texte résiste à toutes nos tentations d’emprise, la brèche des mots peut nous ouvrir à la rencontre et à la présence qui se donne. Comme l’eau vive jaillissant du rocher, comme l’ami parlant à l’ami, le souffle de la Parole vient alors se glisser dans les mots que nous pensions bien connaître. Nous qui n’avions que nos cinq pains et nos deux poissons, nous voilà invités à un festin inattendu… Comment alors ne pas le partager largement ? C’est dans la reconnaissance de ce qu’il nous est d’ores et déjà donné de partager, et dans l’espérance ardente de pouvoir un jour vivre pleinement de telles agapes à la table du Seigneur, que nous ouvrons avec confiance cette nouvelle collection. 

 

Ouverture du colloque, Jean-François Chiron

Prêtre du diocèse de Chambéry, co-président du groupe des Dombes, Jean-François Chiron est doyen émérite et titulaire de la chaire « Unité Chrétienne » à la Faculté de Théologie de l’Université catholique de Lyon.

Le colloque organisé cette année par la faculté de théologie de l’Université catholique de Lyon et le Centre Unité chrétienne est consacré à l’Écriture, envisagée comme pierre angulaire et pierre d’achoppement.

Que l’Écriture soit pierre angulaire pour les différentes confessions chrétiennes, la chose semble évidente. On sait l’attachement qu’on lui voue en protestantisme ; l’expression sola scriptura en dit quelque chose, même s’il convient, sans doute, de ne pas en rester à sa lettre. En catholicisme, on dira depuis Vatican II (au moins) qu’elle est « l’âme de la théologie ». Et on ne voit pas que la tradition orthodoxe soit en retrait à cet égard. Mais peut-être est-il plus original, et c’est sans doute la ‘pointe’ de notre colloque, de nous demander, d’oser nous demander, en quoi l’Écriture, pierre d’angle, peut être aussi pierre d’achoppement, pierre qui fait tomber, littéralement « pierre de scandale ». Certains versets, un jour, paraissent problématiques – disons : dont la compréhension reçue devient problématique. Il ne va plus de soi qu’ils puissent porter telle théologie, telle spiritualité, voire telle doctrine reçue en Église. Va-t-il falloir les récuser ? Les retirer de sa Bible (on pense aux versets des psaumes, dits imprécatoires, qui ne figurent pas dans la liturgie des heures romaine, à la demande d’un pape) ? Ou faudra-t-il les comprendre autrement – c’est-à-dire les interpréter autrement ? « Interpréter », « interprétation » : les mots ne peuvent manquer de venir à l’esprit. Car ce sont aussi de nouvelles méthodes d’interprétation qui font que l’Écriture, tels versets, tels passages, ne vont plus de soi : l’interprétation qui leur était donnée traditionnellement ne « fonctionne » plus. Ce qui pose le problème des méthodes d’interprétation de l’Écriture – toute écriture doit être interprétée : l’Écriture, comme telle, n’existe pas. Du moins, pas indépendamment de lecteurs, donc de méthodes de lectures, d’interprétation, qui en font surgir le sens : autrement dit, une exégèse.

La question posée sera dès lors celle d’éventuelles régulations de ces interprétations. Doit-on considérer que certaines méthodes exégétiques mettent en danger la foi des croyants, en prônant des lectures problématiques ? Mais, si elles sont scientifiques, comment les récuser ? Ou, à l’opposé, doit-on dire que l’Écriture a été apprivoisée, voire domestiquée, par la (ou une) tradition ecclésiale, et que l’heure est venue de la libérer ?

Rappelons qu’il faut se garder de confondre Écriture et Parole. L’Église est « sous la Parole », mais différemment selon les traditions ecclésiales. Elle n’est pas « sous l’Écriture ». Mais l’Écriture est le lieu de la Parole, sa médiation intangible ; la Parole doit passer par l’Écriture, elle ne peut en faire l’économie. Mais l’Écriture ne doit pas rester à l’état d’écriture – elle ne serait qu’une lettre, morte –, elle doit advenir comme Parole.

Voici donc que se dessine une première articulation : Écriture et Parole. Ce n’est sans doute pas celle qui nous retiendra le plus, sinon comme perspective.

Une deuxième articulation est également apparue. L’Écriture doit être comprise. Son sens doit advenir. Elle existe pour être comprise, pour transmettre un message, une vérité qui est vie. Une Parole, comme on vient de le dire. Or cela ne se produit pas de manière ‘naturelle’. Le terme qui est déjà apparu est celui d’interprétation. Il s’agit de faire advenir le sens. Telle expression biblique doit-elle être prise à la lettre, ou autrement ? Si c’est autrement, selon quels critères d’interprétation ? Ainsi, ce qui apparaît comme pierre d’achoppement, est-ce la lettre du texte, ou son interprétation ? L’interprétation va-t-elle viser à supprimer le ‘scandale’, né de la lettre ou d’une interprétation précédente ?

Le dernier terme sera, bien sûr, le terme « Église ». L’Écriture est née en Église, d’une réception en Église de la personne et de l’action du Christ, s’agissant du Nouveau Testament ; de la réception en Église des Écritures d’Israël. Elle est lue, comprise, interprétée, elle devient Parole de vie en Église. En quoi les processus ici évoqués ont-ils leur « lieu » en Église ?

Nous voici réunis non pas pour inventorier des remises en cause, mais parce que nous savons que, dans les processus qui viennent d’être rappelés, tout n’est pas toujours allé de soi dans nos communions respectives, et que tout ne va pas toujours de soi. L’Écriture résiste. Elle est donnée aux communautés, dans la double dimension dont elle est porteuse, humaine et divine – et c’est à ce double titre qu’elle peut, voire, peut-être, qu’elle doit, parfois au moins, résister, interroger, remettre en cause des évidences. Non pas pour qu’on en reste aux remises en cause, mais pour qu’un sens inédit se fasse jour, comme un trésor d’où il s’agit de tirer du neuf et de l’ancien. Pour que l’Écriture soit bien « pierre d’angle », fondation d’une Parole de vie.

Les pierres les plus angulaires sont peut-être celles qui nous ont d’abord fait tomber : elles nous obligent à nous arrêter, à les prendre en compte, à voir ce qui, en elles, nous a blessés ; à percevoir que c’est peut-être ce qui ne « cadrait » pas spontanément avec nos plans préconçus, ou avec nos dogmes, qui est important, est appelé à devenir, pour nous, Parole de Dieu. Tant il est vrai que la pierre rejetée des bâtisseurs – car pierre d’achoppement – est appelée à devenir pierre d’angle, fondation. De celles que Dieu seul peut poser. Mais c’est peut-être trop en dire ; la parole doit être laissée à nos intervenants.

 

Année Paul Couturier : 1953-2023, 70 ans d’héritage œcuménique

L'abbé Paul Couturier (1881-1953) était un prêtre lyonnais, professeur de sciences dans un collège catholique. Entre 1910, la Conférence missionnaire mondiale d'Édimbourg, et 1948, la création officielle du Conseil œcuménique des Églises, l'obscur professeur de sciences lyonnais est devenu "l'apôtre de l'unité chrétienne".

Lors de ses funérailles en 1953 une assemblée interconfessionnelle rendrait grâces pour la vie et l'œuvre de l'abbé Couturier - en particulier la Semaine universelle de prière pour l'Unité chrétienne du 18 au 25 janvier  et le groupe des Dombes - qui ont eu une influence déterminante  sur l'évolution des relations entre les différentes Églises chrétiennes et la mise en route du mouvement œcuménique.

> Programme de l'année Paul Couturier à Lyon

Association Unité Chrétienne

L’association œcuménique Unité Chrétienne a été créée en 1959 à Lyon pour poursuivre l'œuvre de l'abbé Couturier dans le même esprit. Son objectif est de travailler au rapprochement des Églises chrétiennes jusqu'à ce que soit réalisée la prière du Christ pour l'unité des disciples : "Père, que tous soient un, comme nous sommes un, afin que le monde croie." (Jean, 17, 21)

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